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HXLT. Voilà un nom qui n’augurait rien de bon. Depuis quelques années, on a appris à se méfier des groupes qui se trouvent trop cool pour les voyelles (voir les cas MSTRKRFT, STRFKR ou MNDSGN). Derrière ce pseudonyme se cache Hollywood Holt, rappeur chicagoan au style plutôt basique ayant signé l’année dernière avec l’écurie G.O.O.D. Music. Son seul fait de gloire jusqu’ici est la production d’un titre de la bande originale de « Gatsby le magnifique ». Quelques craintes donc, avant l’écoute de ce premier album. Pourtant, il aurait été dommage de ne pas s’y frotter. Ô surprise, le bonhomme lâche un étonnant essai post-punk. On y retrouve tous les ingrédients du genre, parfaitement cuisinés : rythmiques martiales, basses urgentes et guitares polaires. Le tout joué et chanté avec une candeur poignante qui manque cruellement aux vieux routards des amplis. Les morceaux sont épurés et efficaces : HXLT n’a pas le temps pour les digressions. Ce n’est d’ailleurs sûrement pas un hasard si l’artwork de l’album rappelle celui d’Abwärts (légendes du punk outre-rhin) pour Amok Koma. Il partage avec eux l’équilibre parfait entre expérimentation et panache.

HXLT saute dans le vide, sans espoir de retour. Et on a bien envie de le suivre tant l’impression d’espace qui se dégage de sa musique séduit. Le son parfait pour tous ceux qui se sentent comme un singe en hiver. De l’identité hip-hop de l’auteur, il reste peu de traces ici. On la retrouve dans les incartades plus pop du projet qui peinent un tantinet à convaincre car plus maniérées (l’inaugural « Reaper » et surtout « Tonight »). Mais sur les titres les plus réussis come « Work it out », « Sick » ou « Together » (avec la collaboration de Kathleen Anna de Bikini Kill, excusez du peu…) on peut déceler dans les interstices des éléments de production issus du rap. La greffe ne prend pas encore tout à fait. C’est peut-être là l’un des seuls regrets que l’on peut avoir sur ce LP. Il reste globalement d’une facture classique alors qu’on entrevoit le potentiel d’un monstre hybride génial. HXLT pourrait devenir le pendant lumineux de Death Grips. Les californiens ont injecté avec succès bruit, fureur et attitude rock’n’roll dans leur hip-hop. Mais l’imposture ne semblait jamais loin. HXLT a pour lui le spleen chevillé au corps. Soit le bagage indispensable pour devenir un authentique rockeur digne de ce nom.

Une reconversion réussie donc, chose loin d’être facile. Ce n’est pas ce poireau de Kid Cudi qui dira le contraire. Kanye West, le boss du label G.O.O.D, a peut-être une trop grande gueule mais il prouve qu’il a toujours de bonnes oreilles et les idées larges. On se surprend même à rêver : et si Yeezus montait un groupe goth ???